La relation amicale peut-elle remplacer la relation thérapeutique ? 🤔

Cette phrase on l’entend régulièrement. Tout le monde connaît une personne convaincue que la relation amicale peut remplacée la relation thérapeutique lorsqu’il s’agit de ses problèmes personnels.

Les conseils amicaux sont-ils pertinents ?

« Je n’ai pas besoin d’aller consulter un psychologue (…) si je souhaite parler de mes problèmes j’ai mes amis pour ça ».

Il est par ailleurs évident que les relations amicales endossent un rôle de bienveillance et de réconfort lors de nos déboires respectifs. Qui ne s’est jamais improvisé psychologue face à un.e ami.e ressentant le besoin de s’étendre sur ses malheurs ?

Cependant, il est intéressant d’interroger les limites de cette manière de penser : l’amitié est-elle compatible avec une remise en question personnelle ? Un ami peut-il vraiment remplacer le travail d’un psychologue ?

LES LIMITES DE L’AMITIÉ

Commençons par enfoncer une porte ouverte : l’amitié est une chose formidable. Elle est nécessaire à l’équilibre et l’épanouissement de chacun. Néanmoins, quelle est sa fiabilité dans la quête de renouer confiance en soi ?

« L'ami est un autre soi-même »

Cette phrase du psychanalyste Olivier Douville signifie que nos amis nous ressemblent pour la plupart car ils proviennent de nos cercles sociaux :

• enfance

• école

• étude

• travail

• communauté religieuse

• clubs de sport

Conflit d'intérêts

Nos amis ont le même âge et style de vie. Il y a donc de fortes chances qu’ils soient en proie aux mêmes doutes et questionnements. Ils ne sont donc pas les meilleurs conseillers. Leurs opinions sont faussées par leurs propres interrogations.

Enfin, ce dernier n'a pas forcément envie de révéler le fond de sa pensée au risque de vous blesser ou de mettre en péril votre amitié. Ainsi, votre ami peut-il être pleinement sincère dans sa manière de conseiller ?

Que vaut le message d'un ami ?

Enfin, une autre difficulté se présente à celui qui tente d’aider ; en sa qualité d’ami son message risque d'être dilué.

En fonction de l’interlocuteur, la puissance du message véhiculé n’est pas la même. Parfois, le poids des mots est plus fort lorsqu’ils sont dit par une personne extérieure qu’un proche.

Notamment quand il s’agit d’entendre quelque chose de désagréable. Un avis neutre favorise la prise de conscience justement parce qu’il est neutre et que rien n’obstrue sa pensée.

Les dangers des mauvais conseils

L’ultime danger est de prôner de mauvaises suggestions. Dans le cas d’un personne en détresse, une préconisation ou la manière de la formuler : mots, attitude, tonalité... peut s’avérer dévastateur et aggraver la souffrance.

Parfois, l'amitié consiste à réaliser que certaines situations nous dépassent. Être de bonne volonté ne suffit pas à aider une personne.

Nietzsche disait d'ailleurs à propos de l’amitié : « l’ami doit être passé maître dans l’art de deviner et dans l’art de se taire ».

LES BIENFAITS THÉRAPEUTIQUES

Aucune relation amicale, aussi forte qu'elle puisse être, ne peut être un substitut au travail thérapeutique. En effet, la véritable aide consiste à reconnaitre que l'on ne peut pas aider la personne et qu'elle a besoin d'un professionnel.

La relation amicale peut-elle remplacer la relation thérapeutique ?

Ce dernier possède de véritables compétences telles que :

• l'écoute thérapeutique

• l'analyse des mécanismes psychologiques

• la compréhension des schémas cognitifs

Écoute thérapeutique VS écoute bienveillante

L’écoute dite thérapeutique est sensiblement différente de celle amicale. La visée des deux types d’écoute est totalement distincte. C’est une écoute qui se suffit quasiment à elle-même dans le sens où elle sert de caisse de résonance à la plainte de l’interlocuteur.

La visée de l’écoute thérapeutique nécessite un dosage subtile de l'attention pour ne pas étouffer ou abandonner le patient. De plus, elle se concentre à la fois sur les éléments verbales et non verbales.

Vision court terme et long terme

Cette distinction au niveau de l’écoute entre le psychologue et l’ami influence également la nature de l’échange.

Une fois l’écoute terminée, l’ami se émet un avis ou un conseil. Il donne une solution à court terme pour tenter d’atténuer la douleur présente chez son interlocuteur.

Au contraire, le psychologue creuse en profondeur afin de comprendre les origines du problème. Il va questionner son patient jusqu’à que celui-ci arrive par lui-même à la compréhension et la résolution de son problème.

Chacun son rôle

Votre ami n'est pas un psychologue tout comme le psychologue ne sera jamais votre ami.

Chacun doit savoir rester à sa place pour jouer son rôle au mieux et vous permettre d’être le plus épanoui(e) possible.

Un vrai ami vous tire vers le haut. Le véritable lien amical revient à dire : “je t’aime fort, je t’aime beau.”

À toi de jouer 🧠

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