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A la recherche du bonheur.

  • Photo du rédacteur: Clément Chaudier
    Clément Chaudier
  • il y a 6 jours
  • 5 min de lecture

Soyez heureux et surtout, montrez-le. Tel est le paradigme ou leitmotiv de notre société actuelle. L’injonction au bonheur est désormais double : il est de notre devoir d’être heureux.se.


Mais il est également capital de le mettre en avant autant que possible comme si le malheur, la tristesse et le doute étaient devenus des fautes morales.


Le bonheur est-il comme le suppose notre société à porter de main ?

Est-ce un état constant sans éclat, volatilité ou fragilité ?


Dans L’euphorie perpétuelle, Pascal Bruckner analyse le passage du bonheur d’aspiration personnelle à obligation sociale.

Celui qui n’est pas heureux est perçu comme ayant raté quelque chose, comme s’il n’avait pas su « bien vivre ».

Cette pression constante conduit à une culpabilisation du mal-être, à un rejet de la fragilité humaine.


Il nous invite donc à réhabiliter :


  • le droit au doute

  • à l’échec

  • à l’ennui

  • à l’imperfection


Des conditions essentielles, selon lui, d’une vie réellement libre et heureuse.Ainsi, dans cette course effrénée au bonheur, il nous paraît nécessaire de marquer une pause.


De faire un pas de côté. De prendre le temps de se retourner voire de quitter le sentier.


Quittons un instant les réseaux sociaux, fermons les yeux et délaissons de notre esprit cette préoccupation utilitariste.


prendre le temps de se retourner voire de quitter le sentier.
prendre le temps de se retourner voire de quitter le sentier.

Le bonheur : et si on arrêtait de le chercher ?


La recherche du bonheur se heurte à un paradoxe bien connu : plus on le poursuit de manière obsessionnelle et plus il semble nous échapper.


Cette idée repose sur le constat que le bonheur, lorsqu’il devient une fin en soi, se transforme en objet insaisissable.


En effet, le bonheur est par nature fugitif

Il est souvent ressenti a posteriori, dans les interstices du quotidien, dans les moments de grâce que l’on reconnaît comme précieux seulement une fois qu’ils sont passés.


Or, l’injonction au bonheur nous détourne par essence de lui. L’acharnement que l’on met dans cette recherche nous fait perdre la vision d’ensemble.


On passe à côté de ces instants simples, de ces joies du quotidien qui font le sel de notre existence.


Paradoxe vicieux


Ce paradoxe est amplifié par la pression sociale contemporaine qui nous pousse à optimiser notre vie pour être heureux.se à tout prix.


Ce devoir génère frustrations et anxiétés car tôt ou tard on finit par découvrir (parfois à son insu) que les recettes du bonheur ne marchent pas :


  • l’argent, les possessions

  • la consommation

  • la gloire ou la visibilité

  • les statuts sociaux


Ces derniers n’apportent que des plaisirs éphémères loin de combler nos besoins intérieurs (sécurité, affection, estime de soi, appartenance…). La quête devient alors source de malheur, l’inverse de son objectif initial.


Le bonheur ne se trouve pas, il se reçoit


Le bonheur ne se trouve pas, il se reçoit
Le bonheur ne se trouve pas, il se reçoit

Par ailleurs, le risque, en cherchant désespérément à être heureux, est de se replier sur soi-même.


Les chercheurs du bonheur oublient que le bonheur naît du lien aux autres.


De l’engagement, du don, de la surprise, de l’imprévu.


Il se donne souvent en creux, en marge de nos intentions conscientes. Le bonheur est une sorte de sous-produit de la vie vécue pleinement, et non d’un programme rigide à exécuter.


Ainsi, cette poursuite se révèle contre-productive : le bonheur ne se trouve pas, il se reçoit.


Qu’est-ce que le bonheur ?


C’est une vaste question à laquelle je n’ai pas la réponse.


Selon moi, il existe autant de réponse possible que de vision différente de ce que représente le fait d’être heureux.


Force est de constater toutefois que la conception moderne du bonheur est drastiquement éloignée de celle des grands penseurs et philosophes antiques.


Même les épicuriens du 21ème siècle ont progressivement délaissé l’héritage du penseur grec.


Si Epicure nous invite, en effet, à profiter des plaisirs de la vie ; il prône également la sobriété et la simplicité. Ce que nous avons tendance à oublier.


Pour lui, le bonheur c’est savoir se contenter de l’essentiel.


Accepter le destin


Dans les magazines psycho ou sur les réseaux sociaux, le courant stoïcien est souvent présenté comme la clef de notre épanouissement. Accepter que tout peut disparaître du jour au lendemain ; reconnaître que nous avons finalement peu de contrôle sur les choses.


Et pourtant, lorsque la vie nous enlève ce que nous possédons — ou pire, ceux que nous aimons — cela reste une épreuve déchirante, difficile à accepter.


Il est néanmoins de notre responsabilité de donner du sens à notre existence.



Être heureux, c’est être absorbé dans l’instant


Le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi a consacré une grande partie de sa carrière à étudier les conditions dans lesquelles les individus se sentent véritablement heureux et épanouis.


Dans son ouvrage, il développe un concept devenu central en psychologie positive : le flow.


Le flow est une expérience optimale qui désigne l’état particulier dans lequel une personne est totalement absorbée par une tâche.


Au point d’en oublier tout le reste.


Ces activités sont souvent créatives, sportives, intellectuelles ou artisanales.



Fluidité et difficulté


Ce moment de concentration absolue procure une sensation de fluidité et de satisfaction intense. On ne pense plus à être heureux ; on l’est, simplement, sans y réfléchir.

La puissance du flow, c’est l’idée qui sous tend que le bonheur n’est pas lié au confort, à l’ataraxie ou au matériel.

Au contraire, les conditions du flow impliquent un certain niveau de difficulté.


Il faut que l’activité soit suffisamment exigeante pour mobiliser nos compétences, mais pas trop pour ne pas générer de stress. C’est un équilibre subtil entre défi et capacité.


Engagement de soi


Csikszentmihalyi souligne que ces moments de flow sont parmi les plus riches en émotions positives justement parce qu’on ne les recherche pas pour « être heureux » mais parce qu’on est engagé dans quelque chose qui nous dépasse.


Encore une fois, le bonheur vient en creux, comme une conséquence inattendue de l’immersion totale dans le présent.


En ce sens, le flow est une réponse cinglante à la quête paradoxale du bonheur.


Celui-ci réside dans l’instant présent et le fait d’habiter pleinement le moment qui se passe.


Le bonheur finalement passe par ce qui nous relie intensément à nous-même.


Ne plus chercher, mais cultiver


A l’inverse des roses de Ronsard, le bonheur se cultive mais ne se cueille donc pas.


Il vient à nous de manière naturelle et spontanée si le terrain est propice à la semence. Le meilleur exemple pour illustrer ce propos est celui de John Stuart Mill.


Ce dernier est l’un des grands penseurs du bonheur à travers sa défense de l’utilitarisme (le plus grand bonheur pour le plus grand nombre).


Le paradoxe du bonheur


Toutefois, il s’est lui-même violemment heurté au paradoxe de la quête du bonheur.


Dans son Autobiographie, il raconte qu’après avoir consacré les premières années de sa vie à la recherche rationnelle du bien-être et à la diffusion des idées utilitaristes, il fut soudain frappé par une profonde crise existentielle.


Il se pose alors une question décisive :


« Supposons que tous les objectifs de ma vie soient atteints... serais-je heureux ? »

Et il se rend compte avec effroi que la réponse est non. Cette révélation l’effondre.



Pas une fin en soi


Il comprend que le bonheur poursuivi comme une fin en soi — méthodiquement, presque mécaniquement — ne suffit pas à donner du sens à l’existence.


Le simple fait de chercher à être heureux ne garantit en rien qu’on le soit effectivement.

Mill en tire une leçon majeure :

le bonheur vient comme un sous-produit de quelque autre fin poursuivie non pour lui-même.

En d'autres termes, c’est en se consacrant à des causes plus grandes que soi, en s’oubliant parfois dans une passion, un engagement, une création, qu’on parvient à l’épanouissement personnel.



À toi de jouer 🧠


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